mardi 17 mai 2016

White Fang - L'interview Bong Partie 1



 English version here.


Les White Fang sont une bande de potes basés à Los Angeles, là où beaucoup de choses se passent en ce moment.
Rikky, Funkle, Jimmy et Izak et leur allure de freaks bien hauts perchés cachent une boulimie artistique assez fascinante dont on ne pourra certainement jamais cerner les limites.
Car White Fang, qui compte déjà plusieurs excellents albums à son actif, n’est qu’une facette de leurs nombreuses activités et projets.





Au centre de tout ça, il y a Gnar Tapes. Ce label de cassettes qu’ils ont créé ensemble, est le laboratoire de leurs différentes folies. On pourrait résumer leur œuvre par une notion de pop music totale. Chaque membre y a son ou ses projets : White Fang et son gros rock débile et cinglé, The Memories et ses chansons d’amour qui vont droit au cœur, Free Weed, l’incarnation de Rikky et ses comptines sexy et enfumées, Unkle Funkle et son inclassable dance music, Jerry Rogers et sa touchante pop lo-fi, Skinny Jesus et son trap allumé etc…. avec comme thèmes récurrents, faire la fête, prendre du bon temps et fumer le plus de weed possible.

Ça sonne cliché comme ça mais c’est pourtant le cas. Assumés et sans concessions, ces dadaïstes west coast sont vrais avec pour seules motivations : faire de la bonne musique et se marrer tout en proposant un show ahurissant.

Car qui n’a pas vu White Fang en concert ne pourra jamais comprendre. Ennemis de la morosité, performers non égalés, ils embarquent à chaque fois le public dans leur délires hilarants et absurdes, souvent à moitié à poil, en envoyant leurs tubes à fond la caisse (Bud Light, Bong Rip, Bad Boy …), et ça prend, bien évidemment. Un pur Entertainment à l’américaine qu’ils maitrisent tellement que c’en est captivant. D’autant plus que sous leurs airs d’hurluberlus, ces mecs là ont un don inné pour le songwriting. Peu importe où ça les mènera, on les suivra.


On a pu rencontrer la fine équipe avant leur show de Hambourg où ils ont retourné le Molotow. D’ailleurs on ne pouvait que s’en douter vu leurs exigences de leur rider de tournée : HOSPITALITY RIDER WEED BOOZE SNACKS TOBACCO SOCKS UNDERWEAR TOWELS WATER CANDY CONDOMS TOYS/GAMES DRUGS

Au passage, on remercie les très bons locaux Dolphin Lovers qui avaient préparé le terrain avant la tornade et Wild Wax Shows comme toujours pour la belle programmation.

Pour informations, White Fang est actuellement en tournée en Europe, à ne manquer sous aucun prétexte, et leur dernier album, Chunks, est sorti il y a quelques mois chez Burger Records





x Bien arrivés en Europe ?

Rikky : Oui, c’est notre 3ème tournée ici, la 2nde avec White Fang, l’an dernier on est venu avec The Memories.

Mon gros objectif, c’est d’avoir le plus de relations sexuelles possible, de rencontrer des jolies filles, et d’essayer d’être constamment stone, du mieux que je puisse faire, même si je sais que ça sera compliqué dans certains endroits.
Mais la chose la plus importante, ça sera de fesser des culs chaque soir. Et que le public, face aux White Fang se dise : « Mais qu’est ce que c’est que ce truc ! »


x Vous venez tous de Portland ?

R : Oui, on a tous grandi à Portland, on se connaît depuis qu’on est petit et on a tous déménagé à LA depuis 2 ans et demi maintenant.
Portland était en train de changer, devenait cher, et puis on avait tous 25 ans, jamais vécu autre part, on est parti au bon moment, tout allait bien. Un peu comme au poker, ok, on a bien gagné, maintenant on est out!
Donc on s’est dit, allons dans une grande ville, ça va être n’importe quoi partout. Mais quelque part où on pourrait fumer de la weed et chiller, donc par exemple pas à New York où tout est si cher.
Et LA n’est pas trop loin de chez nous, il y a nos potes de Burger Records etc… En plus on venait à LA tous les mois pour jouer, alors qu’on ne jouait pratiquement jamais à Portland, donc se taper 15 heures de route pour chercher l’argent pour payer le loyer, on s’est dit que ça serait plus logique de venir vivre ici.

Enfin, à ce moment là, Bobby Harlow (The Go) ouvrait son studio, le Studio B et voulait enregistrer White Fang. Depuis, Bobby est parti pour d’autres projets et on a repris le studio, qu’on a renommé Studio G, c’est là qu’on vit et travaille maintenant. Mais à l’époque on était sans domicile, en gros on couchait avec les filles qui voulaient bien nous héberger.


x Donc, vous avez enregistré votre dernier album Chunks, avec Bobby Harlow (des cultes The Go):

R : Oui, c’était l’idée de Bobby et on en est fiers. Le prochain sera probablement produit par ses soins, même s‘il sera le premier surpris à lire ça !
Mais bon, je suis sur qu’il le fera. On fera une version démo et s’il ne veut pas le produire, et bien on ira voir plus gros, Butch Vig tiens ! « Butch, écoute bien, White Fang est chaud pour que tu fasses le boulot, on y va mec ! Toi ou Bobby ! »


x Vous avez sorti ça chez Burger Records avec qui vous êtes assez liés ?

R : On les connaît depuis un moment, via notre label Gnar Tapes, qui fut la 1ère connexion. Ils se sont intéressés à nos différents groupes The Memories, Unkle Funkle, White Fang, Free Weed, pour lesquels ils ont sorti des cassettes.
Ça nous a apporté beaucoup de fans, notamment à LA, car tous les kids qui aiment Burger ont pu nous connaître et venaient à nos shows.
Donc au fur et à mesure, on est devenu amis avec les mecs de Burger et après avoir déménagé ici et repris le studio, on avait cet endroit et on s’est dit, « on veut ouvrir un magasin de disques, les mecs ça vous dit? » Ils ont répondu, « Wow, ça paraît dingue, un autre magasin (cf. l’original Burger Records), c’est pas mal de boulot, vous savez dans quoi vous vous lancez les gars ? » Nous : « Pas vraiment, mais quand même ! ». Donc voilà, maintenant ça fait un an que le Gnar Burger est ouvert tous les jours.




x Los Angeles, c’est maintenant votre QG ?

R : Oui ! Et tout le monde vit dans notre quartier ou pas loin. Danny des Together Pangea et Lukas qui joue dans The Memories vivent ensemble, c’est là que je me douche car il n’y en a pas dans le studio.
Et à 3,4 km il y en a plein d’autres, The Growlers, Cosmonauts, Peach Kelli Pop, No Parents, Ty Segall, King Tuff, Stone Throw Records, Ariel Pink, beaucoup d’artistes de LA vivent dans le coin…


x Il y en a pas mal qui étaient à San Francisco avant ?


R : Oui, Ty, John Dwyer... D’ailleurs John Dwyer est vraiment cool, il nous aime bien. Il a découvert Unkle Funkle d’abord, et il a complètement compris notre délire, nos trucs à la Frank Zappa et Ween, il a tout de suite capté. Et puis, comme lui, on écrit beaucoup de musique, de chansons, des chansons pop ou peu importe. D’ailleurs notre pote Dan Rincon (Apache, Personal and the Pizzas…) joue la batterie avec Thee Oh Sees.




x C’est une sorte de nouvelle place artistique américaine ce qui se passe à LA ? Tous ces artistes issus de la scène DIY qui vivent dans le même quartier, comme une bande de potes ?

R : Il y a pas mal d’amis oui mais c’est plutôt en mode, tout le monde bosse sur son propre truc. Evidemment, on se connaît plus où moins tous ou on se reconnaît, si quelqu’un fait quelque chose, on va lui dire, c’est cool, je vais venir te voir, ou tu vas venir me voir. Donc tout le monde n’est pas ami mais respecte ce que les autres font, donc il n’y a pas spécialement cette notion d’amitié mais il n’y a pas non plus de compétition. C’est plutôt bon esprit, un peu comme une grosse fête où chacun fait son truc.
Après tu as ce truc à LA, ou beaucoup viennent ici pour devenir riche et célèbre. Je m’en fous un peu de devenir riche ou célèbre mais j’ai quand même envie de pouvoir faire mes choses sans être trop sans le sou.

Par exemple on s’est retrouvé à cette soirée, où Burger avait programmé des groupes, donc pas mal d’amis jouaient, et à cette fête, il y avait Lady Gaga, Justin Bieber, Lenny Kravitz etc… Bon on n’est pas du tout du même monde mais ils étaient là. Tu as ce truc à LA, personne n’est au même niveau mais tu vois tout le monde, c’est marrant.

Jimmy: Le succès ça fait partie du truc aussi ici (Los Angeles), les gens sont plutôt fiers et content pour toi si tu réussis.

R: À Portland, ils ne veulent pas que tu réussisses, ils veulent que tu restes DIY, politiquement correct. “Tu peux pas dire tarlouze, pourquoi tu dis ça, ce n’est pas drôle, tu ne peux pas blaguer sur ça, il y a des règles par rapport aux choses sur lesquelles on ne peut pas rire…”

Funkle: C’est plus ou moins comme ça partout, mais peut-être plus comme ça dans la scène musicale de Portland.

R: Là bas il y en a beaucoup qui pensent que notre esthétique est irrespectueuse, mais c’est notre liberté de choix.
Je n’écoute plus trop de punk rock depuis un moment, même si on joue dans un groupe qui sonne comme ça mais le punk rock, on dirait que c’est uniquement des règles. Du genre “ on emmerde les fascistes et les nazis” mais ils pensent comme des fascistes car pour eux il faut faire comme ça et si tu ne fais pas comme ça, ça veut dire que tu as tort et que tu es mauvais…


x Ça vous manque quand même un peu Portland?

F: Le temps et la nature me manquent.

R : Pareil, je n’aime pas trop la chaleur à Los Angeles, j’aime bien quand il pleut et qu’il fait plus froid, comme à Portland.






La suite et fin de l'interview par ici : White Fang - L'interview Bong Partie 2.



B. / FGC 

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